Histoire de l’Argentine : le Général Juan Perón et Evita
Juan Domingo Perón est né en 1895 dans la province de Buenos Aires. Après une formation militaire, il acquiert le grade de Colonel et séjourne en Italie vers 1939. Il est frappé par le nationalisme ambiant et l’intervention systématique de l’Etat dans l’économie.
De retour en Argentine, il participe à la destitution du président Ramon Castillo et se voit attribuer un poste de ministre du travail et de la Prévoyance. Son ascension est fulgurante, facilité par la prospérité de l’Argentine (ce pays était resté neutre au plus fort de la seconde guerre mondiale), par le soutien de l’armée et de l’Eglise, mais surtout par l’extraordinaire appui des classes populaires.
A l’origine de nombreuses lois sociales (minimum salarial, congés payés etc.), il est élu pour la première fois en 1946 avec 54% des suffrages. La prospérité d’après-guerre jusqu’en 1948 sert son action. Perón profite du dynamisme économique pour nationaliser la banque centrale, étatiser bon nombre de compagnies étrangères et rembourser une partie du déficit extérieur. Il met l’accent également sur l’action sociale en améliorant la condition des ouvriers et mettant en place notamment la sécurité sociale et des aides au logement.
A la tête d’une fondation d’aide sociale, son épouse Eva, bien connue sous le surnom d’Evita, œuvre également pour la construction de crèches et d’hôpitaux pour les plus démunis.
Sur le plan extérieur, Perón se rapproche de l’Espagne et de l’URSS, montrant une opposition farouche aux Etats-Unis. Il fait modifier la constitution en 1949, afin d’autoriser deux mandats présidentiels consécutifs. Il est réélu en 1951 avec 67% des suffrages.
Mais le paysage économique s’obscurcit. Le déficit extérieur, associé à une inflation en progression, l’obligent à mener une politique d’austérité. Les difficultés économiques persistent et conduisent Perón à la décision de changer sa politique vis-à-vis des Etats-Unis en signant notamment un accord permettant à la Standard Oil d’exploiter des ressources pétrolières.
Accusé par le peuple de livrer le pays aux multinationales étrangères, Perón sera victime de la Revolucion Libertadora. Un putsch militaire met fin à son mandat en Septembre 1955. Perón part alors s’exiler d’abord au Paraguay puis en Espagne.
C’est le Général Lonardi qui prend le pouvoir en Novembre 1955, marquant ainsi le début de la sinistre période des dictatures militaires.
Il revient au pouvoir près de 18 années plus tard en 1973 trouvant un pays au bord de la rupture en proie aux grèves, aux émeutes étudiantes et activités terroristes. Il s’éteindra l’année suivante en juillet 1974, laissant la destinée du pays à sa deuxième femme et vice-présidente d’alors Isabel Perón. C’est un autre coup d’état qui mettra fin en 1976 au régime constitutionnel de la première femme présidente d’un Etat d’Amérique du Sud.