Une artiste de renommée mondiale, la voix de l’amérique latine

A l’âge de 15 ans, Mercedes Sosa gagne un premier concours à la radio locale LV12 à San Miguel de Tucuman, sa ville natale dans le Nord-Ouest Argentin. Très vite, sa popularité se répand, d’abord en Argentine, puis en Amérique latine, avant d’atteindre l’Europe et le reste du monde. Ses admirateurs la surnomment « La Negra » (La noire).

Le genre musical s’inscrit dans le mouvement de « la nueva cancion «  (la nouvelle chanson). Il s’agit de chansons folkloriques revendiquant des valeurs sociales comme la solidarité, l’égalité et la justice.

Pour vous mettre dans l’ambiance, laissez-vous emporter par « la voix de l’Amérique latine » au fil de votre lecture :

« Je ne chante pas pour chanter »

Aydée Mercedes Sosa est née le 9 juillet 1935 à San Miguel de Tucuman, près des Vallées de Calchaquies. Elle est issue d’une famille modeste, descendante de la tribu indigène des Diaguitas. Les peuples autochtones ont toujours été victimes d’exclusion en Argentine, et c’est en réponse à ces inégalités et injustices, que Mercedes Sosa a décidé de suivre « la nouvelle chanson ».

 

Chanter pour la justice

Mercedes Sosa rejoint le parti communiste d’Argentine dès 1960, et en 1965, lors du fameux festival folklorique de Cosquin, elle déclare en public ses revendications politiques. Avec d’autres artistes tels que Jorge Cafrune et Atahualpa Yupanki, Mercedes devient l’une des plus grandes icônes de la lutte contre les injustices sociales et la discrimination des peuples indigènes.

Il est d’ailleurs difficile de croire en la coïncidence, sachant que Mercedes est née le jour de l’indépendance de l’Argentine, à San Miguel de Tucuman, là où l’indépendance fut déclarée pour la première fois.

Les albums sortis entre 1970 et 1973, sont les plus illustratifs de ses idées révolutionnaires comme ; « No canto por cantar » (je ne chante pas pour chanter), « El grito de la Tierra » (le cri de la terre), « hasta la victoria » (jusqu’à la victoire), et « Traigo un pueblo en mi voz » (je porte un peuple dans ma voix).

 

« Toda censura es peligrosa porque detiene el desarrollo cultural de un pueblo »

“Toute censure est dangereuse car elle bloque le développement culturel d’un peuple”, une phrase de Mercedes qui prend tout son sens avec l’arrivée de la dictature militaire et anti-communiste de 1976 à 1983. Une période de censure, de non-respect des droits de l’homme et de crimes contre l’humanité. Inutile de dire que les chansons de Mercedes Sosa étaient interdites sous peine de prison, alors la chanteuse quitte son pays tant aimé pour l’Europe, d’abord à Paris puis à Madrid entre 1979 et 1982.

 

Le come back de Mercedes Sosa

A la fin de la dictature en 1983, « La Negra » décide de regagner à nouveau son pays et s’installe à Buenos Aires. Suite à son expérience en Europe, Mercedes enrichit sa musique avec des influences de Tango, de jazz et même de rock. On remarque aussi que ses chansons sont davantage porteuses d’espoir et de célébrations. Les albums qui symbolisent cette nouvelle tendance sont « Mercedes Sosa en Argentina » (1982), « Como un pajaro libre » (1983, libre comme un oiseau) et « Alta fidelidad » (1997, grande fidélité).

En 2009, Mercedes Sosa lance son dernier album « Cantora : un viaje intimo » (le voyage intime d’une chanteuse), dans lequel avec d’autres artistes latino-américains, elle interprète pas moins de 34 chansons.

Mercedes Sosa n’a jamais abandonné sa campagne pour les droits de l’homme et la justice, à laquelle s’est ajoutée plus tard la lutte pour la conservation de l’environnement. Son engagement pour la défense de la fraternité des peuples latino-américains lui a valu le surnom de « voix de l’Amérique latine ». En 2008, elle fut nommée ambassadrice de bonne volonté par l’UNESCO.

Mercedes Sosa disparaît le 18 septembre 2009 à Buenos Aires de la « Chagas Mazza », une maladie très répandue parmi les peuples ruraux de l’Amérique latine. Les funérailles eurent lieu au Congrès National, et de nombreuses personnes vinrent témoigner leurs trsitesse et condoléances. Mercedes Sosa a souhaité que ses cendres soient réparties près de son village de naissance à Tucuman.