Buenos Aires, ville culturelle, ville bohème

Par Anna Giraud

Buenos Aires est une ville bohème, brassée par mille et une cultures. Un lieu multiple, fait d’art, de musique et de rencontre, forgé par plusieurs siècles d’immigration. Un brassage culturel, savamment entretenu par les porteños, les habitants de Buenos Aires, et qui a donné naissance au fameux Tango, mais aussi au Fileteado, art graphique typique, ou encore au Lunfardo, langage populaire né sur les rives du Rio de la Plata.

Tendez l’oreille, ouvrez les yeux : petit tour d’horizon de la culture porteña.

 

Une ville au rythme du Tango.

Avec ses 3 millions d’habitants et ses quelques 48 quartiers, Buenos Aires a tout d’une ville tentaculaire mais elle garde un éternel côté chaleureux grâce au style de vie des porteños : bons vivants, friands de conversations, amateurs de musique et de danse, ils sont l’âme de Buenos Aires.

Ce n’est pas par hasard si le tango, danse sociale et d’improvisation, est né à Buenos Aires à la fin du XIXe siècle, époque de vagues d’immigration venues d’Europe.

Attirés par l’essor industriel de la ville, Italiens, Espagnols et peuples d’Europe de l’Est se mêlent à une population métissée. Se rencontrent alors des formes musicales européennes, latino-américaines et africaines : un mélange qu’on appellera tango.

D’abord dansé dans les quartiers populaires de Retiro, Palermo ou La Boca, il séduira ensuite toutes les classes sociales et s’exportera en Europe. Avec l’avènement du disque début 1900, le tango devient également un genre musical à part entière, qui s’illustre par des interprètes de renom tel Carlos Gardel, sacré icône du tango à sa mort prématurée en 1935, ou encore, dans la deuxième moitié du XXe siècle avec Astor Piazzolla, compositeur qui a renouvelé le genre.

Aujourd’hui encore Buenos Aires s’anime au rythme du tango et il n’est pas rare d’y croiser ses vedettes, immortalisées sur les murs de la ville. Certains quartiers comme Palermo ou San Telmo vibrent tous les soirs au son des violons, flûtes, guitares et bandonéons (instrument proche de l’accordéon, symbole du tango) qui accompagnent les danseurs dans les milongas, fameux bals de tango. Chaque année Buenos Aires accueille au mois d’août le Tango BA Festival y Mundial, un festival international où se retrouvent les tangueros du monde entier.

 

Le Lunfardo, l’argot de Buenos Aires aux accents chantants

A Buenos Aires, les porteños ont aussi le goût du verbe. Les quartiers de la ville regorgent de petits cafés où il fait bon s’arrêter pour échanger quelques mots ou refaire le monde. Dans les rues de la capitale, au hasard des conversations on entend du castillan, la langue officielle, mais aussi d’autres langages comme le lunfardo, argot né sur les rives du Rio de la Plata.

Comme le tango, les origines du lunfardo remontent au XIXe siècle et sont liées aux flux migratoires européens. C’est un langage parlé, issu des quartiers populaires de Buenos Aires, dont beaucoup d’expressions sont aujourd’hui utilisées dans le langage courant. Imagé, simple et direct, le lunfardo est un langage de la rue, qui donne un ton et une intonation très particulière aux conversations, propres aux habitants de la ville.

Langue des immigrants, le lunfardo a des influences principalement italiennes, mais également espagnoles, ottomanes, juives et arméniennes. On retrouve le lunfardo dans les chansons de tango, rappelant ses origines populaires, et dans les poésies du peuple gaucho (gardiens de troupeaux de la pampa).

Il existe même une « académie du Lunfardo » (Academia Porteña del Lunfardo), fondée par José Gobello, écrivain et poète argentin, auteur de recherches sur le thème.

Le Fileteado, art graphique reflet de l’identité portègne

Le fileteado ou filete porteño est un art décoratif né au début du XXe siècle dans les fabriques de charrettes de Buenos Aires. Art populaire peu documenté, le fileteado serait à l’origine l’œuvre d’ouvriers italiens qui auraient dessiné des traits fins (filete) sur des charrettes qu’ils auraient ensuite agrémentés de couleurs vives.

Cet art décoratif se retrouve aujourd’hui sur les camions, les transports en commun, les enseignes et vitrines de la ville, mais aussi dans certaines publicités de grandes marques.

Le fileteado se compose de différents éléments décoratifs, principalement des arabesques, fleurs, volutes ou spirales, accompagnés de mots ou devises populaires, et dans certains cas de portraits d’icônes comme Carlos Gardel ou de scènettes représentant la campagne. Sa particularité émane de la manière dont est appliquée la couleur, qui donne du volume aux motifs et permet des jeux d’ombre et de lumière. Le fileteado possède ses codes, un vocabulaire propre et des artistes de renommée locale comme Alfredo Genovese, auteur du Tratado de Fileteado Porteño (Traité de Fileteado Porteño).

Comme le tango, le fileteado est un art né dans les classes populaires, qui a peu à peu conquis le reste de la société argentine. Il reflète l’identité de Buenos Aires et de ses habitants : fin, coloré, lumineux et élégant, il incarne la force d’une ville qui a su magnifier sa diversité pour créer un patrimoine culturel riche.

Un patrimoine qui s’offre chaque jour aux yeux et aux oreilles des touristes curieux mais aussi aux porteños qui en ont fait un art de vivre.

Perdez-vous dans les rues de Buenos Aires pour le découvrir !

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