Diego Armando Maradona est sans aucun doute le footballeur le plus célébré et controversé du XXe et début du XXIe siècle. Dès l’âge de 12 ans, « El Pibe de Oro » (le gamin en or) entame une carrière qui mènera des équipes modestes vers les plus grands titres existants dans le monde du football. Hors du terrain, Dieguito se fait connaître tout aussi bien par son addiction à la cocaïne, par un fils caché et enfin, par des relations douteuses avec la mafia italienne. On l’entend souvent « Diego est capable du meilleur comme du pire ».
Le début d’un gamin en or
Le 30 octobre 1960, dans la banlieue de Buenos Aires, une famille pauvre d’origine italienne et amérindienne accueille leur 5e enfant et 1er fils. Rien d’extraordinaire, s’il ne s’agissait pas d’un « gamin en or ». Très vite, Diego découvre les joies du ballon, jusqu’à être reconnu à l’âge de 12 ans par Francis Cornejo, entraineur des « Cebollitas » (les petits oignons).
Était-il divin ou tout simplement très confiant ? Nul ne le sait mais en 1972, le petit Diego annonce une des plus grandes prophéties concernant le football argentin : « J’ai deux rêves, disputer la coupe mondiale avec l’Argentine, puis la remporter »
Un début héroïque en Argentine
Lorsque l’on retrace la carrière d’ « El Pibe de Oro », il est difficile de s’imaginer un parcours plus glorieux. Pour sa première équipe, Argentinos Juniors, « Marado » marque 115 buts en 166 matchs. Argentinos Juniors ne remportera cependant aucun titre. Comme pour « se rattraper », Dieguito, à l’âge de 17 ans, capitaine d’équipe, remporte la coupe du monde des espoirs de 1979 par 3 buts à 1 contre l’URSS. Il sera élu meilleur joueur et cerise sur le gâteau, il gagne le Ballon d’Or.
Ce n’est que le début d’une longue série de victoires, dont on se contentera de rappeler les plus importantes. En 1981, Maradona se fait acheter pour la première fois (déjà pour une fortune) par les Boca Juniors, une des équipes les plus importantes de la première division, dont le stade se situe au sud de Buenos Aires, au coeur du quartier de La Boca, et en constante rivalité avec River Plate, club du Nord de la capitale. Ce sera justement contre River Plate que Diego marque 2 des 3 buts en finale du championnat national, pour bien évidemment remporter la victoire. En une saison (1981-1982), Marado marque 28 buts en 40 rencontres !
En Europe, Maradona devient une légende
Une histoire d’amour et de haine barcelonaise
Lors de la coupe du monde de 1982 en Espagne, l’Argentine mise tous ses espoirs sur « El Diezs » (fusion entre le numéro 10 sur son maillot et « Dios », Dieu en espagnol), afin de voir s’il tiendra sa promesse d’enfance. Pour la première fois, Maradona déçoit gravement le public. Provoqué par les défenseurs, il agresse le joueur brésilien Batista, se fait renvoyer du terrain et abandonne son équipe, éliminée après ce même match.
Malgré ce coup dur et sa baisse de popularité, Maradona est transféré pour pas moins de 8 millions de dollars au géant catalan, FC Barcelona. Il marquera 38 buts en 58 matchs, remporte une « Copa del Rey » contre le Real Madrid, en plus d’être élu meilleur joueur du championnat en 1982. Mais c’est aussi lors de ces 2 années barcelonaises que notre champion se remet aux coups de sang pour se faire renvoyer du terrain à plusieurs reprises. En parallèle, sa relation avec l’entraîneur se complexifie et les supporters deviennent sceptiques. Là aussi, cerise sur le gâteau, « le gamin en or » découvre son plus grand fléau : la cocaïne.
« L’apogée Napolitaine »
Si les controverses autour de la personne se multiplient, paradoxalement, l’amour pour le joueur ne fait que grandir. En juillet 1984, Diego quitte le Barça pour rejoindre Napoli au Sud de l’Italie. Là, il est attendu par quelques 75 000 fans, persuadés que « le sauveur était arrivé ». Un journal local publie « nous manquons d’un maire, de maisons, d’écoles, de bus, d’emplois et de sanitaires, mais tout cela n’a plus d’importance car nous avons Maradona ». Ils ne seront pas déçus.
Avant l’arrivé d’El Pibe, Napoli se voyait écrasée par les équipes du Nord, plus riches comme A.C.Milan, Juventus, Inter Milan et AS Roma. Marado leur donne ce dont ils ont toujours rêvé, Napoli remporte le championnat national Série A de 1987 pour la première fois de leur histoire. Alors tant que l’on y est, pourquoi ne pas gagner l’UEFA cup, deux Coppa Italia, pour enfin remporter une fois de plus, le championnat national en 1989. Depuis son départ, aucun joueur du Napoli n’a réussi à dépasser les 115 buts marqués par « El Pibe ».
La coupe du monde de 1986
Amer suite à la défaite lors de la coupe de 1982, El Pibe était plus que jamais déterminé à enfin réaliser son rêve et tenir sa promesse de ses 12 ans. Le monde n’aura jamais vu un Marado plus en forme que lors de la coupe de 1986, il marque 10 des 14 buts argentins, et se trouve fortement impliqué dans le dernier contre l’Allemagne de l’Ouest qui marquera, enfin, la victoire de la « querida Argentina ».
Étrangement, le match le plus mémorable dans le cœur des Argentins n’est pas la finale de 1986, mais bien le quart de finale contre l’Angleterre avec le contexte de la guerre des îles Malouines. C’est durant ce même match que Maradona marque d’abord le but le plus controversé, puis le but le plus célébré de sa carrière. Le premier, Maradona l’appellera « La Mano de Dios « , la main de Dieu. En effet, le but a été marqué avec la main uniquement et donc été validé par erreur.
Le deuxième but était simplement un des plus spectaculaires de l’histoire du football. Voyez par vous-mêmes et revivez ce moment avec en fond l’enthousiasme légendaire du commentateur uruguayen Victor Hugo Morales :
Le prix de l’excès
Remporter la coupe du monde de 1986 sera le plus grand et le dernier véritable exploit dans la carrière de Diego Maradona.
En 1992, il est banni de Naples suite à un test positif à la cocaïne, mais aussi à cause de ses absences de plus en plus fréquentes, au profit des sorties festives. C’est le début de la fin, lors de la coupe du monde 1990, l’équipe argentine réussit de nouveau à atteindre la finale, mais se voit éliminée par une équipe allemande supérieure. Lors de la coupe de 1994, Maradona est à nouveau banni après un contrôle positif à l’éphédrine..
De 1992 à 1997, El Pibe jouera encore pour le FC Séville, les Newell’s old Boys en Argentine et enfin pour les Boca Juniors. Il ne retrouvera plus jamais son niveau d’origine malgré quelques buts des plus spectaculaires.
Marado semble collectionner les addictions comme l’alcool, la drogue et les cigares tout en prenant de plus en plus de kilos. En 2004, ses excès le mènent à une crise cardiaque, Dieguito frôle la mort.
Le showman se réveille
Suite à la première crise cardiaque, « El Diezs » fait une cure de désintoxication et perd 40 kilos. Il participe à des shows télévisés qui battent des records d’audience en Argentine et devient commentateur sportif pour la chaîne télévisée espagnole Cuatro (sauf lors des matches avec l’Argentine évidemment).
Inspiré par son passé et ses origines, Marado revendique également ses convictions politiques de gauche, clairement anti-capitalistes. Il rendra visite à Fidel Castro à Cuba et exprime ouvertement son mépris envers George W.Bush aux côtés de Hugo Chavez en 2005.
Si El pibe s’est définitivement séparé de la drogue, il compense le manque par l’alcool, les cigares et par les repas excessifs, il sera à nouveau hospitalisé suite à un malaise le 28 novembre 2007.
L’entraîneur sans manières
Maradona sera nommé entraîneur et sélectionneur de l’équipe d’Argentine pour remplacer Alfio Basile. Lors de la sélection pour la coupe du monde de 2010 en Afrique du Sud, Maradona arrive à peine à faire qualifier la sélection albiceleste. Un bon joueur ne fait pas forcément un bon tacticien ni stratège, et c’est exactement ce que les supporters argentins ont découvert, déçus des pauvres exploits de leur équipe nationale.
Comme si les problèmes de santé ne lui suffisaient pas, Marado se fait saisir ses boucles d’oreilles en or par le fisc italien, un premier – minuscule – paiement de l’immense dette de 37 millions d’euros envers ce pays.
Contre toute attente, l’Argentine atteint les quarts de finale du mondial 2010. El Pibe regagne sa confiance et insulte ouvertement les journalistes pour avoir douté de lui. L’euphorie sera cependant de courte durée car l’Allemagne écrase l’Argentine par un 4-0. Ce match sera à jamais gravé dans la mémoire des Argentins, un sujet tabou qu’il ne vaut mieux pas évoquer en tant qu’étranger. Maradona a eu sa chance et sera remplacé par Sergio Batista.
« Et le peuple chanta : Marado, Marado ! »
Malgré ses erreurs, le peuple argentin ainsi que les Napolitains lui sont encore infiniment reconnaissants pour ses exploits en tant que joueur.
La religion Maradonienne
En 1998, deux Argentins, Hernan Amez et Héctor Campomar, inventent le noël Maradonien. Le mouvement, d’abord une parodie, connaît aujourd’hui plus de 100 000 adeptes dans le monde entier, des mariages sont célébrés avec des « prêtres maradoniens » et il existe même une prière : « Notre Diego qui est sur les terrains, que ton pied gauche soit béni, que ta magie ouvre nos yeux, fais nous souvenir tes buts, sur la terre comme au ciel, donnes nous aujourd’hui notre bonheur quotidien, pardonne aux Anglais, comme nous pardonnons à la mafia napolitaine, ne nous laisse pas abîmer le ballon et délivre nous de Havelange, Diego ». (au lieu de Amen)